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Ouvriers et cadres suisses ne sont pas égaux face au cancer
BERNE (AP) - En Suisse, les risques de cancer varient fortement selon les couches sociales ou la profession exercée. La Ligue suisse contre le Cancer a ainsi présenté jeudi une étude qui le démontre sans ambiguïté. Ses résultats doivent permettre d’améliorer la prévention ainsi que la protection des travailleurs.
L’étude, récemment publiée par l’Association suisse des registres des tumeurs, examine en détail le risque de cancer par couches sociales et professionnelles. Portant sur 58.000 patients atteints de cancers dans les deux cantons de Bâle, ceux de Genève, Saint-Gall, Vaud et Zurich, elle révèle de fortes disparités.
Les ouvriers ont ainsi deux fois plus de risques que les cadres d’être atteints de cancers liés au tabac et à l’alcool, tels les cancers du pharynx, de l’oesophage, du poumon et du larynx.
A l’inverse, les cadres sont plus guettés par le cancer des testicules, de la prostate ou de la peau. Fréquemment exposés au soleil pendant leurs loisirs, ils partagent un risque élevé de mélanomes avec les agriculteurs, qui travaillent en plein air. Par ailleurs, comme tout profession sédentaire, ils sont plus menacés par le cancer du côlon, lié au manque d’activité physique.
Un moyen simple de réduire ces disparités socio-économiques serait de mieux cibler la prévention en l’orientant directement auprès des couches de population concernées, recommandent les auteurs de l’étude.
Par ailleurs, l’étude montre que la Suisse n’est pas épargnée par les cancers professionnels. Si le lien de causalité entre l’exposition à l’amiante et le risque de cancers de la plèvre ou du poumon est connu, le fait que les menuisiers ont plus de risques de contracter un cancer sino-nasal et les coiffeurs un cancer de la vessie l’est moins.
Alors qu’il est admis à l’échelle européenne que 6% des cancers sont causés par une exposition à un agent carcinogène sur le lieu de travail, en Suisse, la plupart des cancers professionnels ne sont pas reconnus et ne font l’objet d’aucun compensation, s’inquiète la Ligue contre le cancer.
Avec l’Association suisse du registre des tumeurs, elle exige la mise en place d’une meilleure surveillance des risques de cancers par professions. Il s’agit d’un côté de mieux étudier la relation de cause à effet entre la profession et les risques mis en évidence par l’étude, et de l’autre, d’envisager les mesures nécessaires pour soustraire les travailleurs aux substances, produits et émanations potentiellement cancérigènes.
AP mw/S