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Panorama de presse : polémique Sartre et BNF  Imprimer l'actualité

22 MARS

« Un monde dénicotinisé », une chronique de Laurent Greilsamer dans LE MONDE. Le chroniqueur qui revient sur « la controverse » soulevée par l’affiche de l’exposition de la BNF où « manque l’essentiel : une cigarette » dans la main de Sartre, estime que « le sanitairement correct a frappé (…) la stricte application de la loi Evin supplantant le simple respect d’une image (…) et de la vérité » car « Sartre fumait corps et âme du matin au soir » et « toute sa gestuelle (…) était commandée par cet acte cardinal », sachant que pour lui « l’art de fumer était consubstantiel ». Assurant « qu’en ce temps là il était interdit de ne pas fumer », le journaliste rappelle que « Staline fumait comme un fou » que « Churchill s’affichait avec son cigare » et que « De Gaulle écrasait énergiquement ses américaines ». Et d’interroger « Imagine t-on sérieusement des posters de Che Guevara sans son cohiba ? » ou de « Gainsbourg sans sa gitane ? ». Réponse : « impossible ». Le journaliste revient aussi sur les films des années 70 où « la pellicule est mangée par la fumée », où Romy Schneider, Sami Frey, Yves Montant « fument en s’aimant, se fuient en fumant ». Selon L. Greilsamer « les murs, les manteaux, les vestes, les cheveux, la peau sentaient le tabac (…) c’était le monde d’avant, une autre planète totalement incompréhensible aujourd’hui », et dit –il, « si on trouve encore la force de critiquer la BNF » pour avoir effacé ce mégot « on pressent que le fait de publier dans quelques années une photo d’un fumeur vieillira à tel point le sujet choisi que ce sera le meilleure moyen de le ringardiser ». Sa conclusion : « c’en sera définitivement fini des clopes. Le monde sera dénicotinisé ». 23 MARS

CHARLIE –HEBDO qui revient sur la photo –affiche de l’exposition Sartre à La BNF où la cigarette a disparu de sa main « sous pression du service de communication et de l’entreprise Métro- Bus », rapporte que selon la présidente du CNCT « on n’a pas besoin de connaître Sartre par le fait qu’il fume » pour juger « qu’on a pas non plus besoin de le connaître par le fait qu’il louche ou qu’il boit ou qu’il est petit ou qu’il est laid » et qu’on pourrait alors « lui redresser l’oeil par ci, le grandir par là, lui glisser dans la main un verre de lait (…) le teindre en blond » ou « utiliser les images révélant sa vieillesse pour lancer une campagne contre l’usage de stupéfiants ». Qualifiant de « réaliste socialiste » la réaction de la présidente du CNCT, le journal estime qu’elle n’a « rien d’étonnant » car « le réalisme socialiste » se réadapte et se recycle « toujours contre la vérité et le spécificité – au nom de la morale et de la santé du peuple ». L’hebdo qui évoque les photos tronquées parues après les grandes purges staliniennes, assure que « la disparition du mégot de Sartre est moins grave » mais « qu’elle n’est pas anodine » car il y a « toujours quelque chose d’inquiétant pour la liberté et la mémoire dans ce travail d’effacement volontaire ». D’après le journal satirique, la présidente du CNCT devrait maintenant s’en prendre à Dom Juan de Molière, que découvrent les jeunes à l’école, et qui débute par un monologue de Sganarelle faisant l’éloge du tabac. Recommandant également « aux amis du bien » de retirer des bibliothèques publiques « La conscience de Zeno » d’Italo Svevo où le personnage principal ne parvient jamais à arrêter de fumer, le journal propose que l’on insère sous le titre de ce livre le « modeste encart : lire tue »

Dans sa rubrique habituelle du même journal, Siné, qui revient aussi sur l’affaire, affirme que « ces sordides tripatouillages posthumes donnent « La nausée » » pour ajouter « Il faudra que je pense à noter dans mon testament qu’aucune photo de moi ne devra paraître après ma mort sans la clope au bec ou à la rigueur, tenue d’une main et allumée ».


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