« le tabac tueur »
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Dans le Monde une chronique de Pierre Georges intitulée « le tabac tueur ». Evoquant la mention « le tabac tue » qui figurera bientôt sur les paquets de cigarettes, le journaliste qui reconnaît qu’il s’agit d’un « fait social » et « d’une vérité médicale » estime que néanmoins cet avertissement « laisse perplexe » car « écrire sur un produit (…) dont l’Etat a le monopole de la vente qu’il tue et le vendre tout de même c’est pour le moins paradoxal ». En effet, selon lui « dans un même emballage, l’Etat se fait dealer et se veut médecin, est taxeur et conseilleur, fournisseur et prohibitionniste ». Le chroniqueur qui reconnaît « la complexité extrême dans laquelle se débat l’autorité publique qui (…) gère et contrôle ce commerce de mort et dans le même mouvement veut tout faire pour en limiter les dégâts humains » décrit « l’inextricable imbroglio juridique » vers lequel « on va aller désormais ». Ainsi un « coupable - victime de tabagisme » qui, outre les fabricants, poursuivrait, l’Etat devant les tribunaux pourrait se voir répondre par les magistrats « qu’il savait parfaitement ce qu’il risquait puisque c’était écrit dessus » et il serait pour sa part « en droit de faire remarquer(…) que les fabricants et l’Etat savaient parfaitement ce qu’ils vendaient ». Pierre Georges qui admet que la position des pouvoir publics est « assez délicate » sur le sujet en raison des nécessités de la prévention et qui convient de l’impossibilité de mettre en place cette « seule mesure définitive » qu’est « la prohibition totale » conclut donc que « le tabac tue » mais qu’il est « une drogue aussi » et que « des millions de gens sont totalement accros et plus ou moins sensibles à cette semi - prohibition funambule par le slogan ou par les taxes ».