la Grêce et l’inefficace loi antitabac 

Malgré les différentes lois anti-tabac, les Grecs continuent de fumer dans de nombreux cafés et les bars. Phénomène culturel, peur de voir les établissements désertés, contrôles inefficaces, différentes raisons expliquent la difficulté à faire appliquer la loi

50 à 500 euros pour le client, et 500 et 10.000 euros pour les propriétaires : voila le montant de l’amende qu’encourent les récalcitrants au dernier texte anti-tabac entré en vigueur en septembre 2010. Un montant élevé qui ne décourage pour autant pas les fumeurs. Deux ans plus tard, la loi est respectée dans une minorité d’établissements seulement. Et pour cause, la cigarette est un véritable phénomène culturel sur la péninsule hellénique. Avec 42% de fumeurs et une consommation moyenne annuelle de 2.954 cigarettes par personnes, la Grèce bat le record de l’union européenne dans la catégorie tabagisme. « On ne peut pas demander aux clients de changer leurs habitudes du jour au lendemain », se justifie Dimitris, gérant de café qui autorise ses clients à fumer à l’intérieur. Le « café-clope » est une véritable institution au pays des Hellènes, au point que pour Anna, cliente, boire un café sans fumer une cigarette est inconcevable. De nombreux Grecs ignorent par ailleurs la loi et restent persuadés qu’elle ne s’applique qu’à certains établissements. Outre la difficulté de changer des habitudes bien ancrées, les gérants redoutent de voir leurs établissements désertés. « Si je refuse à quelqu’un de fumer dedans, il ira dans un autre café. Je ne peux pas me permettre de perdre un client, surtout en ces temps de crise. C’est un risque à prendre », explique Dimitris, en croisant les doigts pour ne pas avoir à faire aux autorités.

Des contrôles inefficaces Devant le non respect de la loi, le gouvernement a promis de renforcer les contrôles. Une ligne téléphonique, pour dénoncer les établissements où la loi anti-tabac ne serait pas respectée, a même été mise en place. Mais les contrôles restent rares, faute de moyens. Et pour limiter une éventuelle sanction, les propriétaires des bars ou cafés ont recours à une technique bien rodée : « Depuis que la loi est entrée en vigueur, les cendriers ont été remplacés par des pochoirs ou des verres sur les tables, nous les utilisons comme des cendriers. En cas de contrôle, les propriétaires répondent qu’ils ne peuvent surveiller toutes les actions de leurs clients, et que leur rôle n’est pas celui de la police », explique Anna. Bien que la cigarette soit largement acceptée dans ces lieux publics, de plus en plus de Grecs se plaignent de la fumée dans les espaces fermés. « Mes vêtements et mes cheveux sentent toujours le tabac alors que je ne fume pas, ce serait une bonne chose que les gens arrêtent de fumer dans les bars », explique Popi. Comme cette jeune fille, les personnes hostiles à la cigarette ou les associations anti-tabac ne parviennent pas à faire changer les habitudes, la Grèce reste un paradis pour les fumeurs. Lisa Saoul (www.lepetitjournal.com/athenes.html) Vendredi 22 juin 2012