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Une étude sur le tabagisme passif financée par les cigarettiers  Imprimer l'actualité

Un nouveau rapport sur les effets du tabagisme passif a déclenché la controverse, car il affirme que respirer la fumée de cigarette n’est pas si dangereux qu’on pourrait le penser. Ce rapport va à l’encontre des autres travaux de recherche, des avis de spécialistes et des milieux médicaux qui disent que le tabagisme passif est la cause de nombreux types de cancer.

Les résultats controversés de cette étude californienne ont été publiés dans le très respecté périodique The British Medical Journal (BMJ). Les deux auteurs, le docteur James Enstrom du Département de la Santé Publique de l’université de Californie et le professeur Geoffrey Kabat du Département de la Médecine Préventive de l’université publique de New York, se sont appuyés sur des données que l’American Cancer Society (ACS) avait collectées pour sa propre étude sur la prévention du cancer..

L’étude de l’ACS s’était étendue de 1959 à 1998, et avait suivi, durant cette période, 100 000 adultes californiens - fumeurs et non-fumeurs - pour étudier le taux de cancer. Le docteur Enstrom et le professeur Kabat se sont polarisés sur les résultats relatifs aux 35 561 personnes qui n’avaient jamais fumé mais vivaient avec un conjoint fumeur. Bien qu’ils ont reconnu que le tabac était nocif pour la santé, ils ont trouvé que le tabagisme passif ne causait pas d’augmentation significative du nombre de décès prématurés, de maladies cardiaques ou de cancers du poumon.

Les recherches antérieures avaient conclu que le tabagisme passif provoquait des risques pour la santé, notamment un accroissement de 15 % à 24 % du cancer du poumon, et augmentait le risque de plus de 30 % de développer des maladies cardiaques. En Grande-Bretagne, le tabagisme passif provoque chaque année environ 600 cas de cancer du poumon et 12 000 cas de maladies cardiaques, selon les militants anti-tabac d’Action on Smoking and Health (ASH). Un fumeur passif inhale environ 6 % de la fumée aspirée par le fumeur direct.

De nombreuses personnes ont critiqué les résultats et la méthodologie du nouveau rapport. Même l’ACS, dont les données ont été analysées par les deux docteurs, ont jugé cette étude « erronée et peu fiable ». La dernière fois que l’ACS a vérifié si les conjoints des personnes participant à l’étude fumaient toujours remonte à 1972. Un nombre d’entre eux aurait très bien pu avoir arrêté de fumer durant les 26 dernières années de l’enquête. De même, du fait que l’étude a débuté dans les années cinquante, à une époque où l’on pouvait fumer pratiquement partout, se concentrer exclusivement sur les effets du tabac dans les habitations n’a aucun sens, affirment les détracteurs.

Il a également été souligné que le fait d’analyser des données provenant de la Californie pouvait fausser le rapport. La Californie bénéficie d’un excellent climat et la vie en extérieur fait partie de la culture californienne. Les effets du tabagisme passif sur un Californien pourraient sensiblement être différents par rapport à, disons, un Londonien, un Parisien ou un Berlinois.

L’élément le plus controversé du rapport est qu’il a été financé en partie par l’industrie du tabac qui a manifestement intérêt à minimiser les risques liés à la cigarette. Le docteur Enstrom et le professeur Kabat ont reconnu qu’ils avaient été financièrement assistés par des compagnies de tabac et par le Centre for Indoor Air Research (CIAR), mais ont nié avoir été influencés. En décembre dernier, le BMJ avait rapporté que le CIAR était une couverture utilisée par les cigarettiers pour financer des études qui visaient à réfuter les allégations de nocivité du tabagisme passif.

Le problème, c’est que les dangers du tabagisme passif pourraient être minimisés, à un moment où les militants anti-tabac tentent dans le monde entier de faire voter des lois qui limiteraient encore plus les lieux publics où les gens sont autorisés à fumer. Certaines villes américaines, déjà, ont interdit la cigarette dans la rue, et les restaurants, bars, bureaux et transports publics non-fumeurs se sont banalisés.

Ce ne serait pas la première fois que les cigarettiers seraient accusés de tenter d’influencer la recherche médicale sur les effets du tabagisme. En 1998, des militants ont rendu public une note interne de la compagnie Philips Morris (fabricant des cigarettes Marlboro), qui prouvait qu’elle utilisait des juristes pour parler à des scientifiques britanniques de la façon d’effectuer les recherches sur la qualité de l’air. Une manière aurait alors été trouvée pour présenter au public les résultats des scientifiques plus complaisants à l’égard du tabac.

A l’époque, on a eu le sentiment que l’industrie du tabac essayait de déclencher un débat scientifique sur les effets de la fumée de cigarette, alors qu’en fait il y a une cohésion remarquable chez les docteurs et les chercheurs pour dire que le tabagisme passif est dangereux.


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