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L’OMS réclame une hausse du prix des cigarettes au Cambodge, les moins taxées au monde
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande au Cambodge de faire grimper de manière significative les taxes sur le tabac, afin d’augmenter les revenus de l’Etat et faire baisser le tabagisme dans le pays. La part revenant à l’Etat sur la vente d’un paquet de cigarette serait en effet la plus faible du monde, selon les données de l’organisation.
"Une hausse de 10% du prix des paquets serait un minimum pour avoir un impact’’, a déclaré hier Ayda Yurekli, économiste turque chargée de mission auprès de l’OMS, en conclusion d’un séminaire à Phnom Penh sur la fiscalité du tabac. La part que prend l’Etat cambodgien actuellement est seulement de 5,3% par paquet : la plus faible taxe sur les cigarettes au monde, constate l’organisation. Et ce alors que les cigarettes locales sont déjà les moins chères d’Asie du Sud-Est.
Un manque à gagner certain, alors que toutes les études menées sur la planète convergent pour montrer que la hausse des taxes renforce les caisses de l’Etat, et incite les fumeurs à diminuer. ’’C’est une stratégie gagnant-gagnant’’, explique Ayda Yurekli. La Thaïlande voisine aurait ainsi créé un cercle vertueux, en augmentant la part de l’Etat de 35% en 1989… à 87% aujourd’hui. Les revenus qui en sont tirés permettent de financer l’équivalent du métro de Bangkok ; dans le même temps, la consommation dans le pays a fortement diminué, notamment chez les plus jeunes. A partir de cet exemple, l’OMS fait le calcul qu’une hausse de 10% au Cambodge ferait passer les revenus de l’Etat de 45 milliards de riels par an à 231 milliards, tout en tablant sur une baisse de 4% de la consommation. Actuellement, le Cambodge compte environ 1,5 million de fumeurs.
Le lobby de l’industrie du tabac Face à cette démonstration est opposé le risque de hausse du marché au noir, la perte d’emplois, ou encore l’injustice que ferait peser la hausse du prix sur les ménages les plus modestes. Autant d’arguments fallacieux issus de l’industrie de la cigarette, assure le docteur philippin Ulysses Dorotheo, membre de la SEATCA, Alliance pour le contrôle du tabac en Asie du Sud-Est. ’’La population aux plus bas revenus est celle qui compte le plus de fumeurs, constate ce militant anti-tabac. Or, dans un pays pauvre comme le Cambodge, un fumeur qui tombe malade pénalise une famille entière. La maladie, le décès liés au tabac représentent un coût social important.’’
Quant à la hausse du trafic de cigarettes, l’argument ne porte pas non plus, estime de son côté Ayda Yurekli. ’’Même avec une hausse de plus de 10%, les cigarettes cambodgiennes seraient encore les moins chères de la région, donc pas de risque de contrebande, analyse-t-elle. Par contre, une taxe bien effectuée permettrait de mieux contrôler la production nationale cambodgienne, puisqu’il semble qu’une partie de celle-ci vienne alimenter le trafic ailleurs.’’ Reste la volonté politique pour mettre cette augmentation en place. Les experts de l’OMS assurent avoir trouvé une oreille attentive auprès du gouvernement. Mais mardi, le secrétaire d’Etat aux finances Hang Chuon Naron déclarait au Cambodia Daily qu’une hausse aurait un impact négatif sur les planteurs de tabac au Cambodge.
Interrogé à la sortie du séminaire, un conducteur de motodop de Phnom Penh, Deap Sok, confie consommer quotidiennement des cigarettes d’une marque vendue à 2500 riels le paquet. ’’Si le prix augmente, je m’adapterai et dépenserai plus pour fumer. Et si ça monte trop, alors je m’arrêterai’’, analyse-t-il, en tirant une longue bouffée.
Samuel Bartholin, Source : le petit journal.com