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Le tabagisme passif augmente le risque cardiaque
Le tabac ne tue pas que les fumeurs. Les études scientifiques s´accumulent qui démontrent qu´une exposition régulière à la fumée de tabac peut s´avérer mortelle même pour les non-fumeurs. Aux États-Unis, ce tabagisme passif serait responsable, chaque année, de 30 000 à 60 000 décès par accident cardiovasculaire. Sans oublier les morts par cancer du poumon et la survenue de pathologies respiratoires : asthme, bronchites, allergies (1).
Plus préoccupant encore, des chercheurs de l´université d´Athènes viennent de montrer, dans le cadre de l´étude Cardio 2000, qu´une exposition de seulement 30 minutes par jour à la fumée d´autrui suffit à augmenter de manière significative la probabilité pour un non-fumeur d´être victime d´un syndrome coronarien aigu ou SCA (infarctus du myocarde, angine de poitrine).
Publié en fin de semaine dernière dans la revue Tobacco Control (2), ce travail a été réalisé, entre janvier 2000 et août 2001, en Grèce (pays où la consommation de tabac reste très élevée) sur 847 patients hospitalisés suite à un premier SCA. Un groupe de 1 078 sujets ne souffrant pas de problèmes cardiaques constituait le lot témoin.
86 % des sujets victimes d´un accident coronarien ont déclaré être exposés au moins 30 minutes par jour à la fumée de tabac, dont 27 % de manière régulière, qu´il s´agisse de fumeurs, d´anciens fumeurs ou de personnes n´ayant jamais fumé, contre 56 % pour le groupe témoin. Les chercheurs ont ainsi mis en évidence, en tenant compte des autres facteurs de prédisposition (obésité, hyper cholestérolémie, diabète, hypertension, etc.), que les non-fumeurs soumis occasionnellement ou régulièrement au tabagisme passif présentent un risque 47 % supérieur de développer un SCA par rapport aux non-fumeurs qui ne subissent pas cette nuisance.
Surtout, ils estiment que 32 % des personnes victimes de tabagisme passif subiront un accident coronarien au cours de leur vie. Ce risque croît de manière exponentielle avec la durée d´exposition. En outre, d´après leurs résultats, le tabagisme passif sur le lieu de travail serait bien plus préjudiciable que celui subi à domicile (97 % de risque supplémentaire contre 33 %). Ce moindre danger pourrait s´expliquer par le fait que le nombre de fumeurs est supérieur dans les entreprises et que le temps passé à domicile est souvent inférieur à celui sur le lieu de travail.
Ce n´est pas la première fois que le tabagisme passif est ainsi montré du doigt. En juin dernier, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) de l´Organisation mondiale de la santé, basé à Lyon, le classait dans la catégorie « can cérogène », estimant que « l´exposition involontaire à la fumée de tabac provoque le cancer du poumon ». Le mois suivant, c´était au tour de la puissante American Heart Association de considérer le fait de vivre dans un environnement enfumé comme l´un des principaux facteurs de risque de maladies cardiovas cu laires (3).
Pour les chercheurs athéniens, comme pour l´immense majorité de leurs collègues, la seule manière de lutter contre ce fléau est de « bannir l´usage du tabac dans les entreprises et les espaces publics, ainsi qu´à l´intérieur des habitations ».
En Suède, l´un des pays où la réglementation antitabac est la plus contraignante, le nombre de personnes soumises au tabagisme passif est 20 fois plus faible qu´en Espagne où elle est l´une des plus laxistes. En France, plus de dix ans après la promulgation de la loi Evin, qui prône l´interdiction de fumer dans les locaux à usage collectif, beaucoup de progrès restent à faire pour garantir le droit légitime des non-fumeurs à la protection de leur santé.
(1) Nos éditions du 22 décembre 2001. (2) Tobacco Control 2002, 11 : 220-225. Revue éditée par le British Medical Journal. (3) Le Figaro du 20 juin 2002 et du 18 juillet 2002.