Interdiction de fumer et pause au travail
Dans LA TRIBUNE « Le point de vue... de Raffi Duymedjian et Dominique Steiler », professeurs à l’Ecole de management de Grenoble, qui font «
l’éloge de la pause café, un outil de performance ». Rappelant l’information selon laquelle l’interdiction de fumer au travail « ferait perdre 7000 heures de travail par an pour chaque tour de 2000 personnes », les auteurs se demande quelle nécessité pousse certains dirigeants à « ressasser ce lieu commun d’un taylorisme rétrograde consistant à mesurer le travail comme définitivement attaché au poste de travail ». Les professeurs de management qui soulignent « l’importance de la pause comme moment de « déstressage », comme lieu de partage d’expériences et de connaissances », interrogent « qu’en est- il du « mieux être au travail » dont il est finalement question ici puisque l’on parle de réduction des effets de la cigarette ? ». Selon eux, le « knowledge management » reconnaît « deux vertus fondamentales à la pause », la première étant de briser les cloisons disciplinaires ou organisationnelles, pour devenir des moments de retrouvailles, de rencontres de métiers « qui s’ignorent ou pire se détestent mais « se rabibochent » en riant, racontant (...), frissonnant ensemble (surtout quand on fume dehors) » Quant à « la seconde vertu », elle est selon eux, de combattre « cette tendance (..) qui consiste à imaginer des savoirs et savoirs faire organisationnels inscrits dans le marbre de procédures ou de modes opératoires explicites », sachant que c’est lors de ces pauses que sous forme de narration, d’histoires racontées « les expertises locales, l’intelligence pratique individuelle et collective s’explicitent » le mieux. Précisant que « certes de moins en moins de personnes fument, ce qui est souhaitable pour leur santé comme pour celle des non fumeurs » et que la disparition d’un espace café est « considéré comme une victoire par un management à l’ancienne », les auteurs considèrent que « ces événements risquent de résonner négativement à terme sur le fonctionnement des entreprises, sauf à retrouver ces espaces et ces temps de rencontre et parole informels ».