Grande offensive antitabac
Dans sa une, Le Parisien annonce que Jean-François Mattei lance ce matin sa grande offensive antitabac. Le ministre souhaite fortement augmenter le prix du tabac et selon un rapport d’experts remis à celui-ci, il est proposé « d’augmenter de 25% le prix des cigarettes tous les ans pour aboutir à un doublement du prix au bout de trois ans ». Ce qui aboutirait à payer son paquet de cigarettes 7,65 euros (50 F) en 2006. Le 6 janvier dernier, les cigarettes ont augmenté de 8 à 17% provoquant une diminution de 10% des ventes. Cette progression du prix du tabac montre l’ambition du ministre de la santé d’atteindre les objectifs du « plan cancer », soit de réduire de 30% le tabagisme des jeunes et de 20% celui des adultes pour diminuer le nombre de cancers imputables au tabac.
Libération choisit de traiter du tabac des femmes en donnant des estimations inquiétantes sur le cancer du poumon dans vingt ans parues dans le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) et selon lesquelles « en 2025, on observera vraisemblablement autant de morts par cancer bronchique que de morts par cancer du sein chez la femme en France ». Selon le quotidien, « chez les femmes françaises, l’épidémie liée au tabagisme en est à ses débuts ». Le BEH poursuit en affirmant que le tabac fait 66000 morts par an en France. En 1999 , 91% des morts par cancer du poumon chez les hommes, soit 19000, « sont attribuables au tabac ». Un tiers des décès des hommes entre 35 et 69 ans s’expliquent par leur consommation de tabac. Un seizième chez les femmes. « En France, le tabagisme a un effet plus important sur la mortalité prématurée que sur la mortalité dans la population âgée », soulignent Catherine Hill et Agnès Laplanche, les auteures de cette enquête. Elles notent encore que : « il s’ecoule environ trente ans entre le moment où une fraction de la population commence à fumer régulièrement et le moment où les conséquences sur la santé deviennent détectables. » Et de conclure en se promettant qu’un jour viendra où « on se demandera pourquoi les actions antitabac ont été aussi peu énergiques. »
Le Figaro se penche sur le cinéma français où, entre 1982 et 2002, 80% des films à grands succès évoquent la consommation de tabac. Sylvianne Ratte qui, pour le compte de la Ligue contre le cancer, a cosigné la première étude tentant de mesurer la « valorisation du tabac dans les films à grands succès », s’interroge : les films représentant des personnages fumeurs seront-ils un jour interdits au jeune public français, comme le sont aujourd’hui certaines œuvres comportant des scènes violentes ou pornographiques ? Comme le note l’OMS : « le tabagisme dans les films encourage les adolescents à commencer de fumer et l’image marketing de l’industrie du tabac en sort renforcée ». Selon le quotidien, nous pouvons imaginer que l’industrie du tabac utilise désormais les grands écrans pour faire sa promotion ? « Rien de tel n’existe de ce côté-ci de l’Atlantique, assure-t-on chez Altadis qui finance pourtant la distribution de films français et espagnols. Sans accuser, la Ligue contre le cancer se pose des questions : « L’étude à laquelle nous avons participé démontre que les marques les plus présentes dans les films sont également les plus vendues. Ce qui nous amène à supposer que certains fabricants obtiennent, en toute discrétion, que leurs produits apparaissent à l’écran. »