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Tabac Actualités n° 65 - 22/09/2005
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Faut –il aller jusqu’à prohiber le tabac ?
Dans LA CROIX, ce débat : « Faut –il aller jusqu’à prohiber le tabac ? ». Avec les réponses du Pr Dautzenberg, président de l’Office français de prévention du tabagisme et du Dr Vivianne Nathanson, responsable des questions scientifiques et éthiques à la British Medical Association.
Bertrand Dautzenberg qui se dit contre la prohibition du tabac, « mesure (…) totalement irréaliste et même contre productive » qui « décrédibiliserait » la lutte contre le tabagisme, affirme qu’aujourd’hui « personne en France n’est favorable à une interdiction pure et simple » car si cette interdiction intervenait « cela inciterait les gens à se débrouiller pour fumer davantage ». Estimant qu’en matière de santé publique, pour « faire changer les comportements, il ne faut pas heurter les mentalités » mais « accompagner les désirs des gens », le président de l’OFPT donne l’exemple de la loi Evin, « excellente » mais « sans doute arrivée trop tôt » alors que les Français « n’étaient pas prêts à ce qu’on limite véritablement la liberté de fumer dans les lieux publics » d’où les « problèmes d’application ». B. Dautzenberg pour qui aujourd’hui, « l’opinion des Français a évolué » puisqu’ils « sont majoritairement favorables à l’interdiction de fumer dans les restaurants ou les cafés », dit faire une distinction entre « prohibition » et « réglementation plus stricte (…) aujourd’hui souhaitable ». Selon lui, « il faut passer à une interdiction totale de fumer dans tous les lieux publics et les lieux de travail, sans dérogation et sans espace fumeur » . Il considère que « cela marchera » car en Irlande où, les deux tiers des gens étaient favorables à la mesure avant son entrée en vigueur, ils sont aujourd’hui 10% de plus à la soutenir.
Viviane Nathanson signale pour sa part que « la BMA milite depuis de très nombreuses années en faveur d’une interdiction pure et simple du tabac dans tous les lieux publics clos » soutenue en cela par la majorité des médecins britanniques et du grand public. Elle précise que les sondages montrent que cette interdiction « radicale » est demandée par les Britanniques et même par une majorité de fumeurs. Evoquant l’exemple de l‘Irlande, très proche culturellement, où l’interdiction de fumer dans les bars « est une réussite », le médecin dit revendiquer « une approche radicale (…) seul moyen de protéger valablement les salariés sur leur lieu de travail ». Pour elle, « le gouvernement britannique ne va pas assez loin » sachant que « tout ce qu’il a promis c’est une interdiction partielle » en projetant d’interdire la cigarette dans les pubs qui « servent » de la nourriture. Viviane Nathanson qui interpelle « allez donc définir précisément à partir de quand on commence à « servir de la nourriture » », affirme que « dans les quartiers les plus démunis » « la tradition des pubs proposant des vrais repas commence à s’étioler ». D’où, une loi qui aura « pour conséquence de désavantager les usagers les plus pauvres, alors que c’est déjà le public le plus gravement touché ». V. Nathanson se réjouit en conclusion « Le Parlement écossais est en train de débattre d’une interdiction qui correspond exactement à ce que nous réclamons ».