Cancer
LE NOUVEL OBSERVATEUR qui publie un dossier sur le cancer, pose cette question « le tabac et l’alcool seuls coupables ? ». Evoquant en titre « Les pudeurs de l’Académie de médecine », l’hebdo estime que son dernier rapport « passe pratiquement sous silence l’influence de l’alimentation ou de l’environnement sur la maladie ». Le magazine qui note que les recherches de ces dernières années ont pointé ces deux facteurs, reconnaît que l’on manque encore de données pour en évaluer l’importance exacte, tout en s’étonnant « mais de là à éluder presque totalement cette question comme le fait l’Académie... ». D’après le journal, le rapport conclut à la nécessité de poursuivre la lutte contre l’alcool et le tabac ce qui n’est « pas vraiment un scoop » et il écarte les observations récentes sur les risques environnementaux en affirmant qu’ils ne sont pas démontrés scientifiquement, et ce, sans prendre en compte non plus certains travaux des experts et organismes que les académiciens ont consulté comme le Centre international de recherche sur le cancer. Soulignant notamment qu’en 2002, une étude de l’Institut de veille sanitaire évaluait la part des cancers du poumon liés à une exposition professionnelle entre 13 et 29%, le magazine relève que le chiffre de l’Académie est quant à lui de 9,9%. Suit un développement contestant certains autres chiffres avancés par l’Académie avec ce commentaire « les tumeurs se sont multipliées pendant le demi siècle où l’environnement urbain, les transports et l’industrie se sont développés. Aucun rapport soutiennent les académiciens. Bref en dehors de l’alcool et du tabac, circulez il y a rien à voir ! ». Le journal qui indique que pour les académiciens, la fréquence croissante des cancers est liée à un meilleur diagnostic - un point de vue contesté par le directeur des biostatistiques de l’Institut Curie, (sauf pour le cancer de la prostate), - assure que les progrès du diagnostic ne peuvent expliquer plus du quart ou du tiers de la hausse des cancers. Tentant d’analyser le rôle de l’alimentation et de la pollution dans la survenue des cancers, l’hebdo souligne que « dans l’ensemble les causes du cancer restent mal connues » et que « la stigmatisation incantatoire du tabac et de l’alcool ne suffit pas à masquer cette ignorance », celle-ci « risquant même, si elle reste l’idéologie médicale dominante, de stériliser des recherches qui pourraient apporter des découvertes importantes sur d’autres facteurs cancérigènes ».