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Tribune DNF sur le Monde.fr > Tabagisme : les raisons d’une hécatombe
Lire la tribune sur le Monde.fr Gérard Audureau, président de l’association Les Droits des Non Fumeurs
La hausse moyenne de 5,4 % du prix des cigarettes du lundi 8 novembre 2010 n’a qu’un seul intérêt : révéler la mainmise du ministère du budget sur une variable déterminante de la politique « tabac » du pays. A la lumière de précédentes augmentations équivalentes, il est avéré que l’effet de cette mesure sera inexistante en matière de santé publique. Ce n’est pas faute pour les acteurs du contrôle du tabac, défendus par plusieurs parlementaires, d’expliquer que seules des augmentations pluriannuelles de plus de 10 % sont à même de réduire le tabagisme des Français.
Ne nous méprenons pas : le coût global des conséquences sociétales du tabagisme – notamment la prise en charge du cancer – est nettement plus élevé que les recettes tirées par l’Etat du monopole de la vente de tabac.
La question des prix constitue la partie immergée de l’iceberg. Le récent baromètre Santé de l’INPES est venu confirmer les craintes de l’association DNF, étayées depuis de longs mois par ses remontées de terrain. Sur les cinq dernières années, pour la première fois depuis l’entrée en vigueur de la loi Evin, le pourcentage de fumeurs quotidiens a augmenté de deux points, atteignant 28,7% de la population.
Le tabagisme est responsable chaque année de la mort de 60 000 personnes. Les raisons de cette hécatombe, première cause de décès évitable du pays, sont de deux ordres. En premier lieu, le lobbying acharné des cigarettiers infiltre toujours autant les rouages de la vie publique, du bistrot de campagne aux plus hautes autorités de l’Etat. L’objectif perdure au fil des ans : banaliser la consommation de tabac et cibler les jeunes afin que le marché se régénère perpétuellement. Pour se convaincre de l’immoralité totale de cette industrie, il faut constater l’immensité de « l’épidémie » (selon les termes de l’Organisation mondiale de la Santé) dans les pays en développement. Chaque année dans le monde, le tabac tue davantage que le sida, la tuberculose et le paludisme réunis.
En France, les mauvais chiffres perdurent également en raison d’une représentation historique et factice du tabagisme. Celle-ci renvoie pêle-mêle aux codes de l’émancipation, de la virilité et de la séduction. En février dernier, notre association a choisi la manière forte pour expliquer que « fumer, c’est être l’esclave du tabac ». Cette campagne de prévention, proposée sous forme de cartes postales et distribuée dans les lieux de sortie des 18 – 25 ans, n’a pas l’ambition de jeter l’anathème sur les fumeurs. La connotation sexuelle des images destinées aux jeunes et moins jeunes, si elle a pu légitimement en choquer certains, nous l’assumons pleinement. L’objectif constant de notre message s’est fondé sur l’impériosité de couper court à l’incurie ambiante.
La « dénormalisation » du tabac doit être aujourd’hui une priorité. Nous sommes classés au 22e rang du dernier baromètre tabac de l’Union européenne. La France est le pays d’Europe comptant la plus grande proportion de femmes enceintes fumeuses. Face à ce constat, les solutions passent par la mise sur pied d’instruments novateurs : images chocs sur les paquets, suppression du marketing avec l’instauration de paquets « neutres », grand plan de prévention à l’égard des jeunes.
Une politique anti-tabac efficace suppose enfin l’application effective des mesures en vigueur. C’est l’inverse qui se produit actuellement. Ainsi, la loi Evin sur l’interdiction de fumer est trop souvent contournée faute de contrôles, tant au travail que dans les lieux de convivialité. Au mépris de l’égalité républicaine devant la loi, le nombre de bars à chicha explose sans que personne ne comprenne la justification de ces espaces de non-droit. Quant à l’interdiction de la vente du tabac aux mineurs, adoptée en juillet par le gouvernement, elle ne s’applique tout simplement pas. Gérard Audureau, président de l’association Les Droits des Non Fumeurs