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Les fumeurs (sont) inégaux face à la dépendance
LE FIGARO du 9 mai affirme que selon une étude publiée par des chercheurs de l’Institut Pasteur, du CNRS, de l’université de Bordeaux et du Karolinska Institute de Stockolm dans les Proceedings of the National Académy of Sciences « Les fumeurs (sont) inégaux face à la dépendance ». Le journal qui indique que ces chercheurs viennent d’analyser l’équilibre entre différents types de récepteurs nicotiniques dans le cerveau, estime que cette étude pourrait permettre d’orienter la mise au point de molécules thérapeutiques pour le sevrage tabagique. Notant que l’on connaît 9 sous unités dites Alpha, et 3 sous unités Bêta à la surface des neurones, dans une zone centrale du cerveau considérée comme la zone principale de la dépendance, et que ces neurones peuvent se combiner en des centaines de variétés de récepteurs nicotiniques, le quotidien rapporte qu’une souris qui ne dispose pas de la sous unité Bêta 2 a quelques difficultés d’apprentissage et refuse de se gaver de nicotine alors que les autres deviennent accros en un temps record quand on les muni d’un injecteur à nicotine. D’après le Figaro, les chercheurs ont également mis en évidence un nouveau mécanisme inconnu par lequel la nicotine déclenche un subtil équilibre entre les récepteurs Bêta 2 et Alpha 7, ainsi chez les souris sauvages, l’exposition chronique à la nicotine ne provoque aucune dépendance alors que chez les souris programmées génétiquement, qui ne disposent pas du récepteur Bêta 2, se sont les Alpha 7 qui prennent le relais. Le journal qui considère que ces résultats pourraient être transposés chez les humains, juge qu’ils devraient permettre de mettre au point des stratégies pharmacologiques de lutte contre le tabagisme mais aussi d’agir sur le système de récompense du cerveau des patients atteints de maladie d’Alzheimer, de schizophrénie ou d’autisme. Relevant que les chercheurs observent une prévalence très élevée de dépendance tabagique chez les malades d’Alzheimer et les enfants hyperactifs, le quotidien précise que chez ces malades, l’intoxication tabagique serait une forme d’automédication qui démontrerait l’action d’un mécanisme compensatoire utilisant ces nouveaux récepteurs Alpha 7.
Femmes et addictions
Dans LE MONDE du 9 mai un entretien avec le Dr William Lowenstein autour de son ouvrage « Femmes et dépendances, une maladie du siècle ». Selon lui « On a sorti l’addiction de la honte mais on a oublié les femmes » pour qui la dépendance est « un peu la double peine » car « c’est non seulement « la perte du « statut de bonne citoyenne » mais aussi celle du statut de la féminité » d’où un retard dans les consultations et la prise en charge. Précisant qu’en terme de santé, les problèmes de dépendance ont « plus de retentissement » chez les femmes qui n’ont pas la même physiologie que les hommes, le médecin souligne que plutôt que de parler de leur addiction elle préfèrent évoque « l’angoisse » ou des « ennuis » de sommeil ce qui aboutit à des prescriptions d’antidépresseurs ou d’anxiolytiques. W. Lowenstein qui regrette que le plan addiction « ne comporte pas d’approche spécifique pour les femmes », estime que si « on ne porte pas un regard particulier » sur ces problèmes « ce sont quelques millions de décès prématurés qui surviendront ». Selon lui « l’important est de développer l’information sur les risques d’infarctus au féminin et sur les tranquillisants ». D’après le spécialiste des addictions, « neuf personnes sur dix qui consultent pour un problème de dépendance ont déjà eu une prescription d’antidépresseurs. Il faut revoir les ordonnances, arrêter de considérer les troubles de l’humeur ou l’irritabilité comme des formes de dépression ». Se demandant si « la médecine n’est pas machiste », il assure qu’elle s’est intéressée aux problèmes de puberté, de reproduction et de ménopause en portant peu d’intérêt aux comportements. Et il constate « Il a déjà été difficile de faire reconnaître la dépendance comme maladie, alors la dépendance chez les femmes... ». Considérant qu’il existe « un large spectre des addictions » il déclare en conclusion que « la dépendance comportementale (sans drogue) est aussi une authentique maladie du fonctionnement cérébral ».