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Les adolescents très rapidement dépendants du tabac

La progression du tabac chez les adolescents inquiète tout particulièrement. On constate en effet une augmentation de la prévalence chez les jeunes Français. En outre, les adolescents qui fument même occasionnellement, peuvent rapidement présenter des signes de dépendance.

Une étude parue dans l’édition de mai de la revue Pediatrics démontre justement que les jeunes qui fument, même de manière très irrégulière, présentent des signes de dépendance précoce qu’ils ne savent pas vraiment reconnaitre. Dans cette étude* , menée sur plus de 1200 adolescents, 370 affirment avoir fumé, dont 62 % au moins une fois par mois ; chez 52%, des signes de dépendance sont remarqués et 40 % sont devenus fumeurs quotidiens ! Les auteurs de l’étude concluent que l’utilisation de tabac de manière occasionnelle déclenche l’apparition de la dépendance à la nicotine. Des symptômes précoces de la dépendance favorisent alors une accélération dans le rythme de consommation et, réciproquement, une consommation plus fréquente provoque la parution des symptômes additionnels de la dépendance.

Déjà en 2007, une étude menée par la même équipe de chercheurs, auprès de 700 jeunes de 12 à 13 ans vivant dans le Massachusetts, révélait des informations concordantes. « Les deux tiers de ces jeunes fumeurs présentaient des symptômes de dépendance à la nicotine, qui se traduisaient le plus souvent par un fort sentiment d’addiction et une envie impérieuse de fumer, mais aussi par de l’irritabilité et de l’anxiété ». Plus étonnant, pour 20 % de ces adolescents ces signes étaient apparus au cours des quatre premières semaines suivant la consommation de la première cigarette. Certains ont même déclaré avoir ressenti les premiers signes de dépendance au bout de quelques jours seulement.

Les résultats de ces études rappellent l’importance de la mise en place de stratégies de prévention pour aider les plus jeunes à ne pas commencer à fumer, alors même que la cigarette redevient malheureusement un objet de mode chez les ados. Les images de mannequins, chanteurs et autre artistes arborant fièrement leurs cigarettes dans les magazines, les reportages, ou sur internet, constituent de puissantes incitations dans une période de la vie où le besoin d’identification est fort. C’est ainsi que la cigarette est par exemple utilisée comme coupe-faim par les jeunes filles qui veulent ainsi répondre aux diktats de la minceur.

Certes, les pouvoirs publics essayent de limiter l’accès des jeunes au tabac : l’interdiction de vente du tabac est désormais élargie aux mineurs de 18 ans (16 ans auparavant). Le décret du 25 mai 2010 impose une signalétique spécifique que les débitants de tabac devront placer dans leurs bureaux de vente (décret et affichette disponibles sur le site DNF). Cependant, une enquête menée par DNF au salon de l’étudiant du 12 au 14 mars 2010 à la porte de Versailles révèle que, pour les jeunes, l’interdiction de vente n’est pas vraiment efficace pour freiner leur accès au tabac, tout simplement parce qu’elle n’est pas réellement appliquée et qu’ils peuvent encore aisément se procurer du tabac. En revanche, ils considèrent que si l’interdiction était vraiment respectée, cela pourrait avoir un impact sur la consommation de tabac des jeunes, même s’ils précisent que ce qui est interdit les attire davantage...

* Doubeni CA, Reed G, Difranza JR, (University of Massachusetts) “Early course of nicotine dependence in adolescent smokers”, dans Pediatrics, mai 2010.

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