La Chronique du Dr. Mesny N°2- Décembre 2008
Les risques du Tabagisme actif
Le tabac est un facteur de risque des anévrismes de l’aorte abdominale chez les femmes.
La cohorte américaine Women’s Health Initiative étudie depuis de nombreuses années 162000 femmes de 50 à 79 ans. On y a trouvé une forte corrélation entre le développement d’un anévrisme de l’aorte abdominale et le tabagisme : ancienneté, consommation actuelle, nombre total de cigarettes fumées. La taille de la patiente, l’hypertension artérielle et les antécédents de pathologie artérielle jouent aussi un rôle. British Medical Journal : Oct. 2008
HPV : Le tabac favorise la persistance du virus
Le tabac favorise le développement et la récidive des infections à papillomavirus (HPV). Le mécanisme passerait par une diminution de la production d’anticorps sériques spécifiques Les infections à papillomavirus font le lit des cancers du col utérin. Des taux importants de nicotine sont retrouvés dans la glaire cervicale de patientes présentant une dysplasie du col utérin.
Le tabac fait vieillir de 5 à 10 ans supplémentaires :
Une équipe américaine a mis au point un tableau permettant de connaître le risque de décès dans les 10 ans. Un fumeur se trouve dans la même catégorie de risques de décès de toute cause qu’un non fumeur de 10 ans plus âgé. Chez les fumeurs, le risque de cancer du poumon après 50 ans et chez les fumeuses après 55 ans est considérablement augmenté par rapport à une population de non fumeurs. Journal of the National Cancer Institute : Juin 2008
Avec le tabac à priser ou à mâcher, le risque de cancer demeure.
Certains pensent que le tabac qui ne se fume pas, supprime le risque de cancer. Chez les utilisateurs de ce type de tabac, le risque de cancer de la cavité buccale augmente de 80%, celui de l’œsophage et du pancréas de 60% et même pour le cancer du poumon le risque est augmenté de 80%. Ces formes de tabac ne doivent pas être prises en substitution du tabac fumé. Lancet Oncology : 2008
Tabac et métastases du cancer du sein :
Des médecins de Boston ont exploré le rôle du tabac dans la survenue du cancer du sein et sa dissémination. C’est la nicotine qui est en cause, elle favorise le développement de métastases du cancer du sein, non pas directement mais en potentialisant les fonctions cellulaires impliquées dans leur croissance. Cancer Research : Oct. 2008
Le tabac n’est pas bon pour la mémoire :
Les fumeurs actifs ont des tests de mémoire, de vocabulaire, moins bons que les non fumeurs et un déclin du raisonnement. Probablement par atteinte vasculaire. Or, les déficits cognitifs à un âge moyen sont associés à un risque de démence plus élevé. Les effets négatifs du tabagisme sur la cognition disparaissent en 10 ans après l’arrêt du tabac, probablement par amélioration du mode de vie : alimentation, exercice physique… favorisant un meilleur comportement de santé. Arch. Intern. Med. 2008
Fumer augmente le risque de tuberculose :
Un rapport de l’OMS présenté à la 39ème Conférence Mondiale sur la Santé Respiratoire a confirmé qu’il existe un lien entre tabagisme actif ou passif et tuberculose, indépendamment des effets de l’alcool et du statut socio-économique. Le tabac expose en outre à un risque plus élevé de rechutes et de décès. Les patients tuberculeux doivent donc être aidés pour s’arrêter de fumer. Oct. 2008
La migraine est aggravée par le tabac et la contraception œstroprogestative :
La migraine est un facteur de risque d’accident vasculaire cérébral ischémique, surtout chez les femmes jeunes : 18/100.000, soit un risque relatif (RR) multiplié par 2 à 3 par rapport aux non migraineuses. Mais le RR est multiplié par 10 en cas de tabagisme actif, par 14 si la femme prend la « pilule » et par 34 en cas d’association tabac- pilule. Dr M. Lantéri-Minet, Hôpital Pasteur, Nice : Oct. 2008
Génétique du cancer du poumon :
Une équipe américaine a séquencé sur 200 échantillons de cancers pulmonaires, 623 gènes soupçonnés de jouer un rôle dans la cancérisation du poumon. Ils y ont trouvé 26 gènes dont la mutation est très fréquente. Les tumeurs des fumeurs présentent des mutations beaucoup plus nombreuses que celle des non-fumeurs (10% des cancers du poumon ne sont pas liés au tabac). L’équipe suggère que plus le nombre de mutations est élevé, plus le cancer progresse vite et plus il risque d’être résistant au traitement. Nature Oct. 2008.