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Jean-François MATTEI, Ministre de la Santé sur France 2
FRANCE 2 : 100 MINUTES POUR CONVAINCRE Emission du 22 octobre 2002 à 20H55
TROIS PASSAGES INTERESSANTS
Sur le tabagisme en général
OLIVIER MAZEROLLE Mais pas du tout, on vous a entendu très longuement et avec beaucoup d’intérêt. On va passer à un autre thème – et on va vous retrouver –, celui de la prévention, le choix de la prévention. Monsieur MATTEI, je voudrais vous lire un texte que les téléspectateurs vont découvrir en même temps que je le lis, qui émane de l’Académie nationale de médecine, dont vous êtes membre, d’ailleurs, qui a été publié en avril 2002, qui dit ceci : “ Les jeunes Français sont parmi ceux qui, dans l’Union européenne, fument le plus, consomment le plus de cannabis, meurent le plus d’accidents de la circulation, se suicident le plus, utilisent le plus de somnifères et de tranquillisants, boivent le plus, souffrent le plus d’excès de poids par insuffisance d’exercice physique, et sont le plus fréquemment séropositifs au virus du sida ”. Mais comment a-t-on pu en arriver là avec la jeunesse française ? Enfin, une partie de la jeunesse française. JEAN-FRANÇOIS MATTEI Parce que je crois que notre pays, en particulier, n’a pas su considérer que l’adolescence était une tranche d’âge particulière. Le pédiatre que je suis vous dit que ma spécialité s’arrête officiellement à quinze ans, et à quinze ans, on n’est pas un adulte, et que nous n’avons pas su créer la médecine de l’adolescence. C’est une partie de la vie qui est exceptionnelle, parce qu’on cherche une identité, on ne sait pas très exactement qui on est, on veut l’affirmer, et c’est généralement au travers de la violence, au travers de la recherche de risques. Et pour s’affirmer, on prend des risques, pour montrer qui on est. Et c’est comme ça qu’on a tout ce qui est affiché, tout ce que les gens voient. Alors on défie le cancer du poumon et on fume, on fume du cannabis, on roule en moto sans casque, on défie la vie. Je pense qu’il faut… C’est un problème de santé publique, Monsieur MAZEROLLE… OLIVIER MAZEROLLE On va en parler. JEAN-FRANÇOIS MATTEI C’est un problème de santé publique. La violence et l’adolescence sont aujourd’hui deux problèmes qu’il faut prendre à bras-le-corps. OLIVIER MAZEROLLE Le rapport à la prévention, je vous propose de regarder un reportage que nous avons tourné dans un centre de planning familial. Il y a en France environ 10.000 jeunes filles de moins de seize ans, des mineures, qui tombent enceintes, souvent dès le premier rapport sexuel, et pour la moitié d’entre elles ça se termine par un avortement. Reportage de Fanny OVERNI et de Virginie TRAVER. OLIVIER MAZEROLLE Cette éducation à la santé dont vous parliez tout à l’heure, Monsieur le ministre, Martine PEREZ, spécialiste médicale du Figaro, a des questions à vous poser sur ce thème. Bonsoir, Martine PEREZ. MARTINE PEREZ Bonjour Monsieur le ministre, bonjour Olivier. Oui, 200.000 avortements par an, 10.000 chez des mineures, c’est quand même un vrai échec de la prévention et de l’information dans notre pays. Qu’est-ce qu’on peut faire pour lutter contre ça ? Est-ce que vous pensez que les professeurs de sciences naturelles sont assez équipés pour faire face à ça, est-ce que vous ne pensez pas que le corps médical a quelque chose à dire, est-ce qu’il y a assez de médecins scolaires pour le faire, d’infirmières scolaires ? JEAN-FRANÇOIS MATTEI Beaucoup de questions. Alors ça me permet de resituer peut-être la politique de santé de ce gouvernement. On a parlé de la réorganisation de la Sécurité Sociale, on a parlé de la qualité des soins, et nous abordons maintenant le troisième axe, qui est la loi de santé publique. Car ce qui est invraisemblable en France, c’est que sur 150 milliards d’euros dépensés pour la santé, il y en a 3 pour la santé publique, c’est-à-dire la prévention, le dépistage. On a privilégié le curatif, et on a totalement délaissé le préventif. OLIVIER MAZEROLLE Alors on va parler de tout ça, mais sur les jeunes particulièrement, les médecins à l’école ou bien… JEAN-FRANÇOIS MATTEI Oui, mais ça touche. Figurez-vous que dans la loi de santé publique, il y a à mettre en place les outils, et que parmi ces outils il y a l’éducation à la santé. Alors vous me posez des questions sur lesquelles je me suis cassé la tête. J’ai même écrit deux livres de sciences naturelles pour les collèges et pour les lycées, pour essayer de faire passer les messages. Parce que ce que je crois, c’est que les professeurs de tous les jours, qui enseignent les matières classiques, n’ont peut-être pas l’écoute nécessaire sur ces sujets difficiles de la vie quotidienne que sont la sexualité, le sida, la nutrition également. Et nous voyons également que sur le plan scolaire, les infirmières sont très peu nombreuses. C’est un des atouts que… Enfin, c’est un des atouts qu’on mettait en avant, l’infirmière va recevoir la jeune fille le lendemain d’un rapport pour distribuer la pilule du lendemain. Sauf que vous avez une infirmière pour 2.000 élèves. Et les médecins, il y en a un pour 6 à 7.000 élèves. On a une pénurie considérable. OLIVIER MAZEROLLE Alors quelle est la solution ? MARTINE PEREZ Est-ce que vous allez apporter une solution à ces problèmes que vous… JEAN-FRANÇOIS MATTEI Je crois probablement qu’il faut solliciter là aussi les professions libérales. OLIVIER MAZEROLLE C’est-à-dire ? JEAN-FRANÇOIS MATTEI Il me semble que les médecins, et probablement les infirmières libérales également ou d’autres, pourraient, sous forme de forfaits santé publique, venir au-devant des jeunes et leur expliquer. OLIVIER MAZEROLLE C’est-à-dire aller à l’école ? Les rencontrer à l’école ? JEAN-FRANÇOIS MATTEI Eventuellement pour leur parler de cela. Je pense aussi… OLIVIER MAZEROLLE Mais les rencontrer à l’école ? JEAN-FRANÇOIS MATTEI Les rencontrer bien sûr, à l’école, bien sûr. Mais je crois qu’il faut aussi qu’on ouvre à proximité des établissements scolaires des espaces santé jeunes, comme la FONDATION DE FRANCE en a déjà financé. Parce qu’un jeune, il ne va pas facilement aller voir quelqu’un en blouse blanche. MARTINE PEREZ Visiblement, vous avez conscience que là, l’éducation à la santé c’est important pour les enfants et que c’est l’avenir de la santé de notre pays, mais par exemple, il y a 16% d’obèses, en quinze ans ça s’est multiplié par deux. Ça veut dire qu’on n’a rien fait depuis quinze ans ?… JEAN-FRANÇOIS MATTEI Non, mais attendez… MARTINE PEREZ …Pour éviter ça ? Par rapport à ce problème majeur… JEAN-FRANÇOIS MATTEI Alors par rapport à ce problème majeur, Madame PEREZ, on parle beaucoup des médecins, des infirmières, et si on parlait aussi des parents ? Parce que tout de même, ça me paraît invraisemblable, cette affaire-là. Autrefois, c’était le ministère de l’Instruction publique, parce que l’éducation se faisait à la maison. On apprenait aux enfants à manger équilibré. Je vais vous dire, je me suis occupé beaucoup de nutrition, je suis allé au Sénégal pendant un an travailler sur la malnutrition. Et le drapeau du Sénégal, il est vert, jaune, rouge, et je répétais à longueur de journée aux mamans sénégalaises, je leur disais : “ ton enfant, il faut tous les jours qu’il mange le drapeau du Sénégal ”. Il faut qu’il mange le vert, c’est de l’herbe, c’est les légumes, il faut qu’il mange le jaune, c’est le riz, il faut qu’il mange le rouge… OLIVIER MAZEROLLE Nous, c’est bleu, blanc, rouge, alors… MARTINE PEREZ C’est beaucoup plus compliqué qu’au Sénégal, Monsieur. JEAN-FRANÇOIS MATTEI Peut-être, mais s’il y avait un peu moins de grignotage devant la télévision, s’il y avait un peu moins de boissons sucrées dans les distributeurs qui sont dans les lycées, où d’ailleurs on laisse fumer, par exemple. Enfin, je veux dire simplement que quand le tissu familial se désagrège, dans la journée, comment voulez-vous faire ? Vous ne pouvez pas manger équilibré régulièrement, et vous prenez du poids et d’ailleurs ça vous est égal… OLIVIER MAZEROLLE Donc responsabilité des parents. Alors Alain DUHAMEL, qui a donc lu de façon très approfondie le sondage IPSOS, a des questions à vous poser sur la prévention, concernant un certain nombre de substances. ALAIN DUHAMEL Alors justement, et notamment à propos des jeunes. En ce qui concerne la prévention, il y a une chose que les Français ont bien compris, ce sont les dangers du tabac. Quand on leur demande ce qu’il faut faire, ils sont totalement d’accord pour que l’accès soit plus difficile, pour qu’on puisse moins fumer dans les lieux publics. Ils seraient même d’accord avec l’idée selon laquelle il faudrait interdire la vente du tabac aux mineurs, il y en a 85%, des Français, qui pensent ça. Mais franchement, ça ne marche pas, ça ne peut pas marcher, ça. Alors vous, qu’est-ce qui, à votre avis, peut marcher, qui puisse être expliqué aux jeunes pour leur faire comprendre que fumer, c’est se tuer à l’avance ? JEAN-FRANÇOIS MATTEI Je crois d’abord qu’il y a une première mesure de santé publique qu’on a pris cette année, ce n’est pas une mesure budgétaire, c’est qu’on a augmenté le tabac de 15%, et que ça… FRANÇOISE LABORDE Qui est aussi budgétaire. JEAN-FRANÇOIS MATTEI Non, pas tellement. Je suis prêt, moi, je vous assure, Madame LABORDE… ALAIN DUHAMEL Continuez, continuez. JEAN-FRANÇOIS MATTEI Je suis prêt à signer un papier disant, “ que je ne recevrai rien ”, ça signifierait que les gens ne fument plus. Et ça, je suis prêt à le signer. Donc je crois qu’il y a ça, mais il y a surtout une éducation permanente. Il faut interdire un certain nombre… Regardez, par exemple, il est interdit de fumer dans les lieux publics. C’est la loi EVIN, Claude EVIN, que j’ai votée, qui est une bonne loi. Les lycées, c’est un lieu public, on autorise à fumer. C’est ainsi qu’on apprend à respecter la loi ? Ils s’en foutent de la loi ! Là où “ Interdit de fumer ”, mais on autorise de fumer. Je crois qu’il faut… ALAIN DUHAMEL Alors c’est embêtant s’il y a moins de surveillants pour faire respecter la règle. JEAN-FRANÇOIS MATTEI Il faut faire respecter l’interdiction de fumer. Et ensuite de quoi, je crois que la formation, l’information, c’est permanent, ça doit être récurrent. Moi après tout, ça m’a un peu choqué, quelques campagnes qui ont été brutales, ces temps-ci, sur le tabac, où on voyait quelqu’un au seuil de la mort ou bien on voyait tout d’un coup une affiche en disant “ Danger ”. Ce que vous n’auriez pas… Ce que vous pensez être un poison, tous les jours vous l’avalez, et plusieurs fois par jour. Nous devons responsabiliser les gens. ALAIN DUHAMEL Question personnelle : est-ce que vos enfants fument ? JEAN-FRANÇOIS MATTEI Non. ALAIN DUHAMEL Aucun ? JEAN-FRANÇOIS MATTEI Je pense qu’il y en a deux… Non, ils ne fument pas… FRANÇOISE LABORDE En cachette ! JEAN-FRANÇOIS MATTEI Monsieur DUHAMEL, quelle est la définition du fumeur ? Une cigarette de temps en temps peut-être pour deux, mais il n’y a pas de tabac à la maison, et quand on passe un mois en vacances, il n’y a pas de tabac. ALAIN DUHAMEL Il y a un autre sujet qui est évidemment extrêmement public, d’ailleurs, dans le texte de l’Académie de médecine que lisait Olivier tout à l’heure, il y figure, c’est l’interdiction des drogues douces. Quand on demande aux Français s’ils sont pour ou contre l’interdiction des drogues douces, ils répondent qu’ils sont pour l’interdiction des drogues douces, en fait, il y a 75 % des Français qui sont pour l’interdiction des drogues douces, toujours. Vous, vous êtes des 75 % ou pas ? JEAN-FRANÇOIS MATTEI Je suis pour le maintien de l’interdit. Je suis pour le maintien de l’interdit du cannabis. J’ai beaucoup réfléchi à la question parce qu’il y a des modes et à un moment, vous vous demandez, “ tiens, pourquoi est-ce que j’ai le sentiment d’être à contre-courant ” ? Le sondage d’ailleurs me démontre que ce n’est pas le cas. J’ai trois raisons pour être contre le cannabis. 1) il y a une raison de santé publique, tout danger n’a pas été écarté. 2) il y a un problème de pédagogie, je suis en train de vous dire que je ne veux pas que les gens fument du tabac, je ne vais pas aller leur dire qu’ils peuvent fumer du cannabis. C’est un contresens pédagogique. Et puis… ALAIN DUHAMEL Parce qu’il y en a un qui est plus dangereux que l’autre à votre avis ? JEAN-FRANÇOIS MATTEI Non, je pense que les deux… ALAIN DUHAMEL Drogue, alcool, tabac, enfin drogues douces, alcool, tabac… Tout le monde se le demande. JEAN-FRANÇOIS MATTEI Ca, ça a été une mode qui est arrivée au moment d’ailleurs où la MILDT a changé de direction en 97… OLIVIER MAZEROLLE Alors, attendez… JEAN-FRANÇOIS MATTEI Oui, pardonnez-moi, la Mission interministérielle… OLIVIER MAZEROLLE … C’est la même chose sur le papier… Là, Martine PEREZ… JEAN-FRANÇOIS MATTEI C’est la même chose au plan scientifique, ce n’est pas du tout la même chose sur le plan de la vie quotidienne. Vous ne ferez pas croire à quelqu’un qu’au motif qu’il n’est pas interdit de boire un verre de vin, on doit autoriser le cannabis. Ca n’a strictement aucun rapport. MARTINE PEREZ On va essayer de redétailler les unes après les autres les différentes modes de toxicomanie que sont l’alcool, la drogue ou le TABAc. Vous allez changer la tête de la MILDT visiblement, la Mission interministérielle de lutte contre la toxicomanie, vous avez sans doute des idées derrière la tête, vous avez sans doute envie d’impulser une nouvelle politique. Quelle va être cette politique ? Prévention ? Répression… ?
Sur le remplacement de Nicole Maestracci à la tête de la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Toxicomanies (MILDT)
JEAN-FRANÇOIS MATTEI Deux choses. Madame MAESTRACCI a bien fait son travail, elle n’est pas en cause, elle a fait ce travail pendant cinq ans. C’est vrai qu’elle est arrivée au moment où le rapport du docteur ROCHE(ph) a démontré ce que disait à l’instant Alain DUHAMEL, c’est-à-dire que l’on pouvait confondre l’alcool, le tabac, le cannabis, les drogues dures, les psychotropes, c’est-à-dire les médicaments qui touchent le système nerveux, parce que le mécanisme était le même au niveau des neurones. Mais, ce qui est valable au plan scientifique ne l’est pas du tout dans la pratique. Et on a vu d’ailleurs que les résultats n’ont pas été exceptionnels. Donc, ce n’est pas du tout un reproche qui est fait à madame MAESTRACCI, elle a été dans cette période-là, elle a fait passer le concept de dépendance. Moi, je voudrais qu’on recentre la lutte contre la toxicomanie par le plan médical appuyé naturellement sur la répression pour les situations que j’ai évoquées tout à l’heure. OLIVIER MAZEROLLE Qui va diriger cette mission ? JEAN-FRANÇOIS MATTEI Ecoutez, je vais proposer, avec l’accord du Premier ministre qui est le patron de cette Mission interministérielle, je vais proposer demain au conseil des ministres avec le Premier ministre, la candidature du docteur JAYLE. Le docteur JAYLE est un praticien qui est à la fois psychiatre et dermatologue, qui a créé en 1986 en région de l’Ile-de-France le Centre régional d’information et de prévention pour le sida et qui, depuis, s’est consacré au sida et à la drogue, et qui est un homme de terrain, qui est un homme compétent. Et je crois qu’il a aujourd’hui les capacités à donner un nouveau souffle dans l’action sur la toxicomanie.
Sur l’intervention remarquable de Claude GOT
OLIVIER MAZEROLLE Je vous propose d’écouter maintenant un de vos confrères, le professeur GOT qui est un spécialiste de santé et qui a des choses à vous dire sur le tabac, lui. PROFESSEUR CLAUDE GOT – PRESIDENT OBSERVATOIRE FRANÇAIS DES DROGUES ET TOXICOMANIES Dans un café, un restaurant, on est obligé de subir la fumée des fumeurs, le personnel comme les clients. Et il y a 2 000 morts par an du tabagisme passif, c’est-à-dire de la fumée des autres, un mort par an de la vache folle. On met des milliards dans la sécurisation de la filière bovine, pas un sou pour faire respecter la loi qui doit assurer la protection des non-fumeurs. On peut se demander si les responsables de la sécurité sanitaire ont la tête à l’envers et le sens des réalités. OLIVIER MAZEROLLE Alors, vous avez la tête à l’envers, Monsieur le ministre ? JEAN-FRANÇOIS MATTEI Non, mais je pense que Monsieur GOT a des propos qui sont tout à fait sensés. Ce qui est très important dans notre société, c’est qu’il y a seulement dix ans, la personne qui voulait fumer demandait, comme ça, “ est-ce que ça ne vous dérange pas ? ”, et fumait, et celui qui ne fumait pas avait honte de le dire. Or maintenant, les gens réagissent. Et ils réagissent pourquoi ? Parce qu’après tout, on serait en droit de dire chacun peut s’empoisonner. Mais le tabagisme passif a été démontré. Quand on sait qu’une femme enceinte peut avoir des problèmes pour son enfant quand elle subit un tabagisme passif, quand on sait que 3 000 morts par an sont liés au tabagisme passif, je crois qu’il faut déclarer la guerre au tabac et je ne suis pas loin de penser comme le professeur GOT. Je pense qu’il faut vraiment faire preuve d’autorité. Moi, à titre personnel, j’ai déclaré la guerre au tabac.
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