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Je me demande si l’exposition à la fumée de tabac in utéro peut provoquer des cancers plus tard ?
On parle beaucoup des conséquences néfastes du tabac sur le fœtus et le bébé, mais je me demande si l’exposition à la fumée de tabac in utéro peut provoquer des cancers plus tard ? Si c’est le cas, c’est une catastrophe.Cette relation positive entre tabac de la mère pendant la grossesse et le risque de cancers chez l’enfant a été fréquemment citée dans les années 1990. L’article de référence est celui de John E.M.( E pour Esther) et coll. : Prenatal Exposure to parent’s smoking and childhood cancer . American Journal of Epidemiology, 1991, 133, 2, 123-32. C’est une étude faite entre 1976 et 1983 à Denver portant sur des enfants de 0 à 14 ans, 233 cas de cancers et 196 contrôles. Après divers ajustements, il est fait état d’un risque relatif, RR, de 1,9 pour les leucémies aiguës, de 2,3 pour les lymphomes, de 1,6 pour les tumeurs cérébrales. L’étude suggère une possible influence du tabagisme parental prénatal sur le développement des cancers de l’enfant. Cet article est ensuite repris et cité dans toute la littérature, même actuelle.
D’autres suggèrent une possible relation entre hépatoblastome, neuroblastome, néphroblastome et tabagisme parental prénatal. (Toutes les tumeurs en blastome sont des tumeurs embryonnaires). Certaines études incriminent le tabagisme paternel et maternel avant la conception, du fait d’un effet mutagène sur les cellules germinales.
Une méta analyse faite par Annie Sasco en 1999 ( sur 100 publications ) ne retrouve pas de forte association entre tabagisme passif in utéro et risque de cancer de l’enfance, mais une faible augmentation du risque relatif, en général inférieure à 1,5, et reconnait que les études les plus valables montrent le risque de tumeurs cérébrales, de leucémies et lymphomes. L’existence de résidus cancérigènes de la fumée de tabac dans le liquide amniotique doit cependant mener à la protection des fœtus et des petits enfants par rapport au tabagisme de l’entourage.
Les publications actuelles s’attachent plutôt à démontrer les mutations génétiques portant sur des régions susceptibles d’intervenir dans le développement ultérieur de cancers.
En fait, bien que la suspicion soit forte, il faudrait des études portant sur des cohortes beaucoup plus nombreuses pour établir de façon définitive le lien entre tabagisme parental prénatal et développement de cancers chez l’enfant ou chez l’adulte qui y ont été soumis.Comme cela a été le cas pour démontrer de façon définitive le lien entre tabac et cancer du poumon, ce qui a demandé de nombreuses années et l’étude de Doll sur les médecins britanniques.