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Un gène de vulnérabilité au tabac

En Avril 2008 a été découvert, suite à une étude testant 9000 personnes, dont 4500 servant de contrôle, grâce à une puce ADN de très forte puissance, le « premier gène de vulnérabilité authentiquement et clairement impliqué dans une pathologie addictive * » Ce gène : α5 α3 β4, constitue un facteur de risque dans la dépendance au tabac , mais il intervient aussi dans le risque de cancer du poumon et de maladies cardiovasculaires liées au tabac. Le travail a d’ailleurs été financé par un fonds de recherche sur le cancer du poumon. * Philip Gorwood , Alcoologie et Addictologie, 31, Sept 2009

Trafic de cigarettes en France et ailleurs

Deux types de tabac illicite sont consommés dans le monde : le tabac de contrebande qui est un tabac de marque et le tabac de contrefaçon qui présente un danger encore plus important pour la santé. Une étude faite en 2004 par le Professeur E. Stephens sur ce type de tabac a révélé, par rapport aux cigarettes normales, des concentrations de métaux lourds (cadmium et plomb) et de toxiques (arsenic) de 3 à 6 fois supérieures, 80% de nicotine et 160% de goudrons en plus . Le risque cancérigène est multiplié par 8 chez les adultes et 11 chez les adolescents. D’autres études y ont décelé du sable, des parasites du tabac, des déjections de rat…et en Grande Bretagne du cannabis et des amphétamines… 600 millions de paquets de cigarettes illicites sont importées chaque année en France provenant principalement de Russie et de Chine, soit environ 12% de la consommation française. Département de recherche sur les menaces criminelles, Institut de criminologie de Paris. Notes d’alerte. Septembre 2009

Des taux élevés de nicotine dans la voiture des fumeurs

Les voitures de fumeurs exposent au tabagisme passif. Des employés d’une société de Baltimore, 17 fumeurs et 5 non fumeurs se sont prêtés à des mesures quantifiant les taux de nicotine dans leur véhicule. Le trajet devait excéder 30 mn. Dans 2/3 des cas, le conducteur fumeur emmenait un passager fumeur ou non fumeur, et dans 1/3 des cas, ce passager était un enfant. Les concentrations de nicotine étaient nulles dans les voitures des non fumeurs et en moyenne de 9,6μg/m3 dans les habitacles des fumeurs, mais plus le nombre de cigarettes fumées était important, plus ce taux était élevé , atteignant plus de 100μg/m3 dans un cas. L’ouverture des vitres n’éliminait pas complètement la fumée. Une législation régulant le tabagisme dans les voitures avec passager devrait être envisagée pour éviter les dangers du tabagisme passif, surtout quand les passagers sont des enfants. Jones MR et coll. Tobacco Control, Juin 2009. Tabagisme et santé mentale Tabagisme et santé mentale

1500 jeunes norvégiens ont été suivis pendant 13 ans (de 13 à 27 ans). L’étude a relevé leur consommation de tabac, la dépendance à la nicotine, la dépression, l’anxiété et les tentatives de suicide, ainsi que les facteurs familiaux, éducationnels, socio-économiques , la prise de produits illicites et d’alcool. Les fumeurs dépendants (10% des jeunes gens) avaient un taux plus élevé de dépression, d’anxiété et de tentatives de suicide et les fumeurs non dépendants étaient plus dépressifs que les non fumeurs. Les auteurs concluent que la dépendance à la nicotine influence la santé mentale. Deux hypothèses : le tabac sert d’automédication aux fumeurs dépendants, ou bien des toxiques contenus dans la fumée peuvent être responsables des anomalies constatées. Pedersen W. et coll . Addiction, 104, Janvier 2009

Intervention informelle par les pairs pour prévenir le tabagisme des adolescents

Des élèves considérés comme influents ont été formés pour encourager des adolescents de leur âge (12-13 ans) à ne pas fumer. Le travail a porté sur environ 21 000 élèves de Grande Bretagne et du pays de Galles, dont 16 000 servaient de groupe contrôle. Les interventions se tenaient en dehors des classes. Le suivi a eu lieu immédiatement après l’action, puis 1 et 2 ans après. Les résultats montrent une diminution d’environ 75% de la prévalence du tabagisme chez les adolescents soumis aux interventions informelles par rapport au groupe contrôle. Ce type d’intervention pourrait avoir un bénéfice important en termes de santé publique. Campbell R. et coll. The Lancet, 371, Mai 2008

« Lien » et addictions. De nombreux travaux établissent une relation entre l’attachement à la mère chez le nourrisson et le risque ultérieur de dépendance. Un nourrisson dont l’attachement à la mère n’est pas « sécure », mais « évitant » ou « ambivalent » peut développer à l’adolescence la tentation de goûter à des produits addictifs dont le tabac, pour faire face à des difficultés relationnelles ou existentielles. La théorie de l’attachement a été élaborée dans les années 1950 par J. Bowlby. Elle met l’accent sur l’importance de l’apport relationnel dans la construction psychique de l’individu. Un attachement sécurisant est un facteur de protection, facilitant ensuite l’ouverture et la socialisation. Assailly JP. Addictions, 21, Mars 2008

Nicotine et cancer du sein

Des chercheurs du Centre de recherche sur le cancer de Floride ont démontré que les cellules du cancer du sein possédaient des récepteurs nicotiniques qui, s’ils sont activés potentialisent le développement de la tumeur, favorisent la migration des cellules malignes et la résistance à la mort de ces cellules . La nicotine agit de la même façon sur les cellules des cancers du poumon La nicotine semble donc renforcer la croissance des cancers, même si elle n’est pas directement cancérigène. Dasgupta P. et coll. Int J Cancer, 124, Janvier 2009.

Hyper-automatisation et addictions. Jusqu’à présent deux hypothèses étaient formulées pour expliquer l’origine des addictions : Le comblement d’un manque La recherche du plaisir. Mais les fumeurs dépendants constatent que la consommation de tabac leur procure de moins en moins de plaisir au fil des années. On peut alors considérer qu’un troisième facteur entre en jeu : l’acquisition d’habitudes est responsable d’automatismes qui échappent au contrôle de la volonté, alors que le plaisir a disparu. Ceci explique les difficultés du sevrage tabagique et la nécessité d’une approche plus spécifique par des thérapies comportementales et peut-être à l’avenir par des thérapeutiques pharmacologiques pour éviter les rechutes. Xirossavidou C. et coll. Alcoologie et Addictologie, 31, Septembre 2009

Le curcuma pourrait prévenir la récidive des cancers ORL des fumeurs.

Le curcuma, épice de la famille du gingembre, employé dans le curry, est capable d’inhiber la croissance de cellules cancéreuses et même de promouvoir leur suicide. L’équipe du Pr Ch. Ann Nathan de l’Université de Louisiane vient de présenter au Congrès de Chirurgie ORL, de la Tête et du Cou de San Diego un travail démontrant que le curcuma inhibe l’activation induite par la nicotine de plusieurs protéines impliquées dans la croissance, la prolifération, la migration et l’angiogenèse des cellules cancéreuses. On sait que le tabagisme est un facteur d’aggravation du pronostic des patients cancéreux opérés. Le curcuma pourrait être utilisé chez des patients atteints de cancers ORL continuant à fumer après leur intervention et exposés de ce fait au risque de récidive. Nathan CA et coll., Otolaryngology-Head and Neck Surgery ,141, Septembre 2009  

Le tabagisme augmente la discrimination sociale en France

Entre 2000 et 2007, la prévalence du tabagisme a diminué de 22% chez les cadres, de 11% chez les travailleurs manuels et est restée stable chez les chômeurs. En 2005, 15% des fumeurs, contre 5% en 2000, ont consacré au tabac 20% de leur budget, l’amputant fortement. Le tabac est un facteur d’aggravation des disparités sociales. Ce sont les plus défavorisés qui consacrent le plus d’argent à la consommation du produit et il faudrait donc développer des moyens d’action spécifiques dans la lutte contre le tabac en leur direction. Peretti-Watel P. et coll. Addiction, 104, N°10, 2009

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Chronique n° 7