• 31/05/2019
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La toxicité méconnue des odeurs de tabac froid

Des particules toxiques persistent sur les vêtements, les sols ou les murs, mettant en danger l’entourage soumis à ce « tabagisme tertiaire ».
cendrier plein de mégots de cigarette

La fumée du tabac constitue la pollution la plus dangereuse de notre air intérieur. Elle est classée cancérogène depuis 2002 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). À la fumée primaire – celle constituée de la fumée directement aspirée, en principe filtrée et exhalée par le fumeur – s’ajoutent deux autres types de fumées, secondaire et tertiaire.

Fumée secondaire

Générée par la combustion du tabac, la fumée secondaire se compose des fumées directement émises par la cigarette, mais également de la fumée exhalée par le fumeur. Particulièrement dangereuse en raison de sa concentration en produits toxiques, elle est à l’origine de ce qu’on appelle le tabagisme passif.

Certaines substances nocives se trouvent naturellement dans la feuille de tabac, mais d’autres ont été ajoutées par le fabricant : pesticides, édulcorants, menthol… La combustion à une température de 600 °C produit un mélange complexe de gaz et de fines particules.

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Parmi les 4 000 composés identifiés, 40 sont cancérogènes, comme le benzène, le formaldéhyde ou les nitrosamines. Une étude a montré que, huit heures après l’extinction de la cigarette, des substances délétères étaient encore détectées à des niveaux élevés, voire supérieurs au seuil de dangerosité.

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Tabagisme ultrapassif

Moins connue du grand public, la fumée tertiaire est constituée des particules fines issues de la fumée du tabac qui peuvent rester en suspension dans l’air pendant plusieurs semaines, ou se déposer en couche sur toutes les surfaces : moquettes, meubles, rideaux, cheveux, vêtements…

Ces particules sont constituées de goudrons, de métaux lourds, de dérivés de nitrates, et même de produits radioactifs comme le radium et le polonium. On parle de tabagisme ultrapassif, ou tabagisme tertiaire. Les enfants, qui jouent au sol, figurent parmi les sujets le plus exposés.

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Par les cheveux des fumeurs

Dans la voiture d’un fumeur, leur concentration sur les sièges arrière est dix fois plus élevée que dans celle d’un non-fumeur. Et cette pollution apparaît même dans des endroits où personne n’a fumé.

Une étude de l’université Drexel de Philadelphie (États-Unis) a ainsi montré que 29 % des particules présentes dans une salle de classe non-fumeur comportaient des éléments chimiques issus du tabac. Ils sont apportés via les vêtements, les cheveux, l’haleine des fumeurs…
 

De 3 000 à 5 000 morts par an

Le tabagisme passif et ultrapassif tue de 3 000 à 5 000 personnes par an en France. Les pathologies sont voisines de celles des fumeurs :

  • risque de cancer accru (poumons, larynx, pharynx, vessie, sinus, col de l’utérus…) ;
  • risque de décès à la suite d’une crise cardiaque accru de 20 à 30 % ;
  • bébés de faible poids (les femmes non fumeuses exposées à la fumée ont de deux à quatre fois plus de risques de donner naissance à un enfant de faible poids) ;
  • allergies et asthme ;
  • risque aggravé de syndrome de mort subite du nourrisson ;
  • difficulté de cicatrisation des plaies ;
  • troubles neurologiques sévères (dus aux particules).

Fumeurs : limitez les dégâts

Que vous fumiez la cigarette, la pipe, le cigare ou la chicha, vous pouvez dans l’immédiat respecter les conseils suivants :

  • Bannissez totalement l’usage du tabac en présence d’enfants ou dans les lieux où ils évoluent. Non seulement cela les protège, mais cela évite la banalisation du tabac.
  • Ne fumez jamais en voiture, même vitres baissées, le brassage d’air étant insuffisant dans l’habitacle.
  • Réservez cette activité à l’extérieur, sur le balcon ou dans la rue. Ouvrir une fenêtre vaut mieux que si elle reste fermée, mais cela ne suffit pas pour évacuer la fumée et les particules.
  • Videz et nettoyez régulièrement vos cendriers.
  • Shampouinez régulièrement vos canapés, tapis et moquettes pour vous débarrasser au maximum des poussières.
  • Utilisez un aspirateur doté de filtre HEPA (haute efficacité pour les particules aériennes).
  • Ne tentez pas de purifier l’atmosphère avec des désodorisants ou de l’encens. Non seulement ils émettent également des polluants, mais certains de leurs toxiques entrent en réaction avec ceux du tabac.

 
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Mais la meilleure solution pour éviter d’exposer vos proches aux fumées secondaires et tertiaires reste bien sûr d’arrêter de fumer. Pour vous aider, vous pouvez contacter Tabac Info Service.

fumée de cigarette électronique

Et la cigarette électronique ?

3 millions de Français « vapoteraient ». Outil intéressant du sevrage tabagique, la cigarette électronique renferme beaucoup moins de substances chimiques que la cigarette. Sa toxicité, sans doute bien inférieure, n’est cependant pas nulle. Sa fumée contient des composés organiques volatils, des nitrosamines, des aldéhydes… Et les additifs et arômes sont mis en cause dans l’apparition d’allergies et de détresse respiratoire.

De plus, les effets à long terme sont peu connus, car elle n’est apparue en France qu’à la fin des années 2000. Dans le doute, mieux vaut vapoter à l’extérieur et à distance des enfants.


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