Fumer ou vapoter peut-il favoriser la diffusion du Covid-19 ?

Publié le 11 août 2020 à 17h52, mis à jour le 12 août 2020 à 10h41

Source : JT 20h Semaine

À LA LOUPE – L'air expulsé par les fumeurs a transité au préalable par leurs poumons. Dès lors, faut-il craindre que la vapeur ou la fumée rejetée par des personnes infectées constitue un vecteur de contamination ? Les autorités sanitaires l'envisagent, mais aucune étude ne l'accrédite.

En avril, l'épidémie de Covid-19 battait son plein et diverses pistes étaient envisagées pour lutter contre le virus. C'est à cette époque que sur la base d'études préliminaires, la communauté médicale s'est interrogée sur le potentiel impact protecteur de la nicotine. Si de nouveaux travaux ont depuis montré que les fumeurs sont davantage susceptibles de contracter des infections graves, les liens entre le coronavirus et le tabac suscitent de nombreuses interrogations.

Parmi elles, l'impact non pas sur les seuls fumeurs, mais sur toutes celles et ceux qui inhaleraient de la fumée. Celle-ci peut-elle transmettre le Covid-19 si un fumeur est positif ? Y a-t-il une différence entre cigarette traditionnelle et cigarette électroniques ? Des questions importantes, alors que plus de 11 millions de personnes fument aujourd'hui régulièrement en France.

Des suspicions à l'heure actuelle

Association reconnue d'utilité publique, habituée à travailler en collaboration avec les autorités sanitaires, le Comité national contre le tabagisme (CNCT) a tiré la sonnette d'alarme sur le sujet en avril dernier. "Les fumeurs infectés par le coronavirus sont des contaminateurs potentiellement majeurs de leur entourage, du fait de leur toux fréquente", indiquait-il. Un risque dès lors que l'on sait que le virus se transmet notamment par les gouttelettes projetées dans l'air. 

Le CNCT alertait par ailleurs sur "la présence dans la fumée de tabac de particules sur lesquelles se fixent les virus, qui peuvent alors être inhalées par l’entourage". Aux yeux du comité, qui se basait sur des études parues à l'époque, le vapotage n'était guère moins dangereux. "Les particules présentes dans la vapeur exhalée par les vapoteurs infectés par le coronavirus sont potentiellement porteuses du virus et peuvent être à l’origine de contaminations par vapotages passif et ultra-passif au même titre que pour le tabagisme", soulignait-il.

La Direction générale de la Santé, de son côté, se montre plus prudente. Sollicitée par LCI, elle note qu'à ce jour, "nous ne disposons pas d’étude scientifique vérifiant l’hypothèse selon laquelle la fumée de cigarette représente un vecteur de contamination de la COVID-19". Néanmoins, précise la DGS, "cela ne veut pas dire que cette hypothèse est fausse. Par précaution et parce que fumer représente un risque de contamination par inhalation et ingestion de gouttelettes, il est préférable de limiter sa consommation et idéalement d’arrêter complètement la consommation de tabac."

Dans sa synthèse, la DGS n'effectue pas de distinguo avec la cigarette électronique. "Lorsque quelqu’un fume, par définition il ne porte pas de masque. Fumer une cigarette/vapoteuse représente donc une situation à risque de contamination au même titre que toutes les situations où les personnes ne portent pas de masque. De plus du fait de leur toux fréquente, les fumeurs sont des contaminateurs potentiellement majeurs de leur entourage même s’ils n’ont pas de symptômes."

Des risques accrus pour les fumeurs eux-mêmes

Si la DGS n'écarte aujourd'hui pas :l'hypothèse selon laquelle la fumée exhalée par les fumeurs puisse constituer un vecteur de contamination potentiel au Covid-19, les autorités sanitaires s'accordent sur le fait que le tabac peut s'avérer être un facteur de risque pour les patients. 

Saisi de la question en mai dernier, le Haut conseil de la santé publique avait procédé à une évaluation des connaissances scientifiques disponible et livrait des conclusions limpides. Le tabac aggrave le danger de développer une forme grave, assurait-il. Un constat qui le poussait à "inciter les professionnels de santé à une vigilance accrue en cas de repérage d’un patient Covid-19 fumeur, étant donné le rôle pronostique défavorable (formes plus graves) que constitue le tabagisme".

En conclusion, on peut donc aujourd'hui noter que les risques de contamination dus à la fumée de cigarette ou à la vapeur de vapoteuses restent au stade de l'hypothèse. Les autorités sanitaires, DGS en tête, se refusent pour l'heure à conclure à une quelconque dangerosité, arguant d'un manque de recul sur le plan scientifique. Une position plus mesurée que celle du Comité national contre le tabagisme, pour qui le risque est bien réel et qui incite à la prudence.  

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Thomas DESZPOT

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