Le pourcentage de femmes consommant quotidiennement du tabac a diminué de 22,9 % à 20,7 % de la population des 18-75 ans en un an, selon une étude parue dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France mardi 26 mai, avant la Journée mondiale sans tabac du 31 mai.
Selon le « baromètre » 2019, réalisé auprès de 10 352 adultes représentatifs de la population résidant en France métropolitaine, la prévalence du tabagisme est cependant restée globalement stable pour les hommes entre 2018 et 2019. Tous sexes confondus, la prévalence estimée de fumeurs diminue ainsi légèrement de 32 % de la population en 2018 à 30,4 % (de 25,4 % à 24 % pour les fumeurs quotidiens) en 2019, mais cette évolution n’est cependant « pas significative », conclut le professeur en santé publique Loïc Josseran, qui insiste sur l’impact cardiovasculaire du tabac à tous les âges.
Président de l’association spécialisée Alliance contre le tabac, Loïc Josseran, qui signe l’éditorial du bulletin épidémiologique, rappelle l’importance des « stratégies de prévention » pour diminuer le tabagisme, qui a baissé nettement sur cinq ans dans différentes catégories d’âges et de revenus.
Mais cette diminution durera-t-elle ? Loïc Josseran s’inquiète de l’effet de la crise liée au Covid-19. « A ses conséquences directes sur la santé des Français (…) s’ajoutent des conséquences économiques et un stress généré pour la population qui peuvent laisser craindre une pause dans cette réduction du tabagisme observée depuis plusieurs années. »
Des inégalités sociales face au tabac
Si le tabagisme quotidien a baissé significativement depuis 2014, il reste plus important pour les personnes précaires (bas revenus, chômage…), bien que Santé publique France mette en garde contre tout lien de causalité. « Les inégalités sociales restent très marquées, avec pour le tabagisme quotidien un écart de 17 points entre personnes au chômage et actifs occupés, et 12 points d’écart entre les plus bas et les plus hauts revenus », indique la publication.
En outre, « la baisse observée l’an dernier chez les plus fragiles (non-diplômés, chômeurs) n’est pas retrouvée cette année », note le document publié par Santé publique France.
Les effets de la hausse des prix
Celui-ci invite par ailleurs à analyser avec prudence les « évolutions annuelles par sous-groupe », les baromètres 2018 et 2019 étant notamment réalisés avec des effectifs « inférieurs à 10 000 personnes » : les « changements de comportement à l’échelle d’une population prennent du temps et sont donc plus facilement mesurables à moyen et long termes ».
Selon l’étude, les différents plans de prévention et de réglementation mis en place depuis 2014, comme les hausses de prix, ont « vraisemblablement contribué à la baisse » du tabagisme quotidien sur cette période. « Un des enjeux majeurs pour les années à venir reste la lutte contre les inégalités sociales face au tabagisme, encore très marquées en 2019 », insiste-t-elle.
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